Entretien avec Nov pour la sortie de son EP, EVO 2

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nov

Déjà Nov au nom de l’équipe de SoulRnB, merci de nous accorder de ton temps 

Tout le plaisir est pour moi !

EVO 2 arrive le 26 mai, donc déjà avant toute chose, est-ce que tu as la pression ? Parce que de ce qu’on a vu sur les réseaux sociaux, les fans te mettent pas mal la pression ! 

Non pas du tout, j’ai jamais eu de pression. J’appréhende un peu la sortie quoi qu’il arrive mais j’ai pas la pression, parce que la pression elle est toujours liée aux retours, aux chiffres, etc. Mais moi je pense pas trop à ça, je pense surtout à l’échange et de manière générale le public est toujours satisfait parce que j’essaie de faire en sorte et ce à chaque fois, d’apporter quelque chose de vrai. Donc dans tous les cas, j’aborde le truc sereinement.

La dernière fois c’était en 2015, le EVO 1 

Oui, c’était fin 2015. D’ailleurs, j’avais plus de pression pour le 1 que celui-ci. Parce que c’était un revirement artistique du coup j’avais une pression et je me disais mais comment les fans vont prendre le truc, comment ils vont l’aborder, est-ce qu’ils vont comprendre ma démarche. Du coup, j’avais pas mal d’interrogations mais vu que le projet est sorti et que on a travaillé le projet sur presque 1 an et demi si je ne dis pas de bêtises, je vois le retour des gens et du coup le public n’a pas été contre ce changement.

On dirait que t’as perdu une partie de ton public pour en gagner une autre. T’as pas cette impression là ? 

C’est probable parce que vu que j’ai changé musicalement, je pense que les fans de la 1ère heure qui s’attendaient à ce que je sorte un projet comme Groove Therapy ou Sans Dessus 2 Soul qui ont peut-être aujourd’hui plus de 30 ans, ils ne se sont pas reconnus dans ce style là et ils ont peut-être lachés un peu. Mais comme tu le dis, ce style là a plu à d’autres et ça a compensé.

Comment tu t’es dit toi à ce moment là, que tu avais envie de changer de tendance et de registre. Qu’est-ce qui a fait que tu aies voulu changer à ce point-là ? 

En fait ça s’est fait naturellement. Quand tu écoutes Cullinan, tu vois bien qu’il y a une tendance trap, surtout dans les beat. Moi à l’époque déjà, je voulais vraiment faire EVO 2 mais pour moi la transition allait être trop brusque pour les gens et vu que c’était mon album, je voulais faire plaisir aux fans de la 1ère heure. Du coup je me suis dit que Cullinan ce serait un genre de Groove Therapy 2 mais version 2014. Je l’ai travaillé en mode, je vous l’offre c’est cadeau. Mais au fond de moi j’avais déjà cette envie de partir sur du EVO. Mais quand le 2ème album est sorti, on l’a travaillé sur 1 an à peu près et moi en interne je devais bosser pour sortir un nouvel EP, EVO, et ça s’est fait naturellement. Je l’ai bossé je me rappelle c’était pendant le printemps/été 2015 et le 1er morceau que j’ai fait c’était R.I.P. et lorsque je suis rentré en studio, j’ai rencontré Zeg.P, on a eu des échanges et ça s’est fait naturellement. Et comme c’était un EP, y avait pas de barrières, t’y vas alors que quand c’est un album tu te dis que il faut une direction artistique, des thèmes cohérents. Alors que là tu te dis que tu peux te faire plaisir et tu vois ce qui arrive. C’est comme ça que ça s’est passé.

Pour EVO 2, tu vas rester dans cette continuité ou tu vas ramener de nouvelles vibes ? 

Ca va être dans la continuité mais il y a 1 an et demi d’intervalle entre les 2 donc forcément il va y avoir une évolution dans l’écriture ou la manière de travailler les flows. Mais si on doit le décrire, globalement il est dans la même lignée que le 1.

Tu t’es encadré de nouvelles personnes, est-ce que pour EVO 2 ce sera pareil ? Parce que à l’époque t’étais beaucoup en mode auto-prod, à vendre des instrus sur Paypal (rires) 

Oui pareil, et comme tu l’as dit au début je faisais tout moi-même de l’écriture à la composition ou a la réalisation et c’était la même chose sur Cullinan. Comme c’était un album je m’étais vraiment pris la tête à fond. Après ce projet j’avais plus de jus, j’avais plus d’inspirations et le morceau que j’ai fait pour l’EP, c’était R.I.P. mais après l’avoir fait, je sentais que j’avais plus de jus. J’avais fait d’autres maquettes mais ça sonnait pas comme je voulais, c’était pas intéressant. Arrivé en studio, j’ai rencontré Zeg.P, il m’a filé des squelettes de prods et pourquoi pas tester des trucs parce que moi j’y arrivais pas, il n’y avait rien qui sortait. J’ai testé des yaourts sur ses instrus et c’était intéressant. A partir de là, je me suis dit qu’on allait faire un morceau et on a fait Quand vient la nuit, puis Y a ceux qui disent et ça s’est fait super naturellement. J’arrivais en studio, il me faisait écouter des trucs, j’allais en cabine, j’écrivais, je posais. Je lui donnais l’acapella et il s’occupait de l’arrangement le lendemain. Pour Evo 2 je m’étais posé la question de faire un truc plus développé ou non. Et je me suis dit non, ça a bien marché avec le 1 parce que c’était spontané ; on arrivait en studio, on se faisait des écoutes et on y allait. Je me suis dit qu’on allait rester sur la même dynamique, en mode file moi des prods, moi aussi j’essaie de composer. Puis j’arrive en studio et on enregistre, si ça donne bien on garde sinon on laisse tomber. Je me suis dit qu’il fallait rester dans la même démarche que le 1.

Justement, quel est ton processus d’écriture, il te faut une instru puis tu poses ou alors ou qu’on s’adapte à ton texte ? 

Pour l’écriture, si j’ai un thème qui me vient par hasard, je vais écrire dans ma tête mais sans avoir de mélodie, de flow. Juste de l’écriture pour que ça aille dans le thème puis après j’essaie soit de composer ou trouver des gars qui peuvent me donner une prod qui a cette sensibilité par rapport à ce thème. Mais de manière générale, j’ai jamais de thèmes qui me viennent comme ça, c’est la prod qui m’inspire plutôt. J’ai une prod, elle me parle, elle me dit quelque chose. Je vais en cabine, j’éteins les lumières et je commence à écrire. Mais ce qui est compliqué pour un chanteur c’est qu’il ne suffit pas de juste écrire comme un rappeur et de lancer un flow. Il faut aussi une mélodie, j’écris mais en même temps je chantonne pour que ça coïncide. De manière générale j’ai un couplet et un refrain et puis ça me donne l’idée générale du morceau et puis je brode dans l’écriture.

Pour rester dans l’écriture, tu sais bien que dans le RnB y a toujours des sujets clichés comme les nanas, le love mais malgré tout toi tu as une vraie qualité avec une profondeur de l’écriture. D’où te vient cette qualité, cette manie de manier les mots ? 

Franchement je sais pas exactement mais en tout cas quand j’ai commencé à faire de la musique, j’étais très axé Hip Hop et peut-être que inconsciemment ça m’a aidé dans l’écriture et les phases. Moi a l’époque j’écoutais beaucoup Seth Gueko quand je commençais la musique. Je chantais pas, je faisais que des instrus et ce que j’aimais bien chez lui c’est son côté multisyllabique, comment il découpait ses phases. Je trouvais ça impressionnant et je pense que ça a joué inconsciemment. C’est pour ça que quand j’écris, j’essaie jamais de faire des rimes facile, j’essaie toujours de faire des rimes multisyllabiques, des jeux de phases ou des assonances et c’est peut-être ça qui fait que mon écriture est particulière.

Au début y avait Jasmine, maintenant il y a Leïla. Qu’est-ce que t’as avec le monde arabe ? 

(Rires) Pour l’anecdote, quand j’ai écrit Leïla, j’avais même pas de titre. J’ai écrit les 2 couplets mais j’avais pas de refrain et après en faisant du yaourt en franglais, y avait un mot qui ressemblait à Leïla et je me suis dit mais pourquoi pas l’appeler comme ça, tout simplement je me suis pas posé plus de questions que ça. Puis on m’a dit que ça sonnait comme Jasmine et j’ai dit que c’était cool ça sonnait comme une “Part 2”.

C’est toujours des histoires vécues ou alors imaginée ? Je pense d’ailleurs au titre Interdite

Bah avec Interdite t’as tapé dans le mille, c’était directement lié à ma vie. Mais la majorité des morceaux c’est de la fiction, de l’inspiration de trucs que je peux voir à la télé, au cinéma, de mes amis, des situations que je peux rencontrer au quotidien et je les retranscris à ma manière. Je dirais que 95% de mes morceaux sont de la fiction mais Interdite c’était du vrai !

Qu’est-ce qui t’a marqué dans l’année 2016 ? 

J’ai bien aimé la manière dont on a travaillé EVO 1. On a presque tout clippé, genre 5 morceaux sur 6. Tout au long de cette année, j’ai pu voir le retour des gens qui me suivaient et ils n’ont pas lâché le truc quoi. C’est une accumulation de chose qui fait que je suis satisfait parce que déjà au départ, je m’étais dit que comme artistiquement c’était différent, les gens allaient me lâcher complètement mais comme je le dis souvent, je fais les trucs pour moi et si ça marche pas, tant pis mais au moins j’aurais kiffé. Le fait de voir que les gens me suivent depuis la sortie jusque maintenant et qui réclament EVO 2, c’est vraiment ça qui m’a marqué. Bon c’est pas un truc de fou mais c’est quelque chose qui me rend fier.

Niveau artistes et inspirations, il y a un projet qui t’a marqué dans le RnB ou Hip Hop US ? Je sais bien que Trey Songz t’as pas kiffé 

Ah oui c’était la dernière interview que j’ai faite ça ! Oui j’ai pas kiffé, sûrement parce que c’était trop conventionnel pour moi. J’ai pas de coup de coeur particulièrement qui m’a fait wouaw, c’est dingue.

Même pas Bryson ? 

Oui mais c’est pas une gifle, pas comme D’Angelo à l’époque où je l’avais écouté en mode ça a changé ma vie, Voodoo je l’ai tellement écouté. Musiqsoulchild aussi mais Bryson j’ai kiffé parce que pour moi c’était le renouveau. Y avait une période où le RnB d’il y a 2-3 ans c’était Trey Songz et d’autres. Après, Bryson est arrivé ou encore August Alsina avec une nouvelle manière de chanter sur les prods. Je me suis dit oui, ça c’est le renouveau, c’est en train de changer et ça m’a plu parce que ça a modernisé le RnB. Maintenant tu le vois, toute la vague qui a suivi juste après, c’est dans la même veine.

C’est peut-être dû au fait qu’on consomme différemment la musique aujourd’hui les artistes comme D’Angelo sortaient un album tous les 40 ans (rires) alors que maintenant les artistes sortent un projet par an

Ca a ses avantages et ses inconvénients c’est sûr, tu fais plaisir aux fans et lui il veut juste de la musique en mode “donne, donne, donne” et il prends tout ce que tu lui donnes. Il n’apprécie plus la musique de la même manière genre si t’as un artiste qui sort un album tous les 2-3 ans, tu sais que y a que 13 morceaux qu’il a sorti et que pour entendre d’autres morceaux de lui, faudra attendre 3 ans. Ces 13 morceaux, tu les écoutes, les décortiques et tu les apprécies alors que quand tu sais qu’un artiste va te sortir 2-3 projets par an, tu te prends plus la tête. T’écoutes et tu manges le truc, ça devient un peu plus fast-food. Mais l’avantage dans ça c’est que l’artiste est plus présent, il a toujours une actualité et il est toujours sur le terrain. Maintenant tu sais, en 1 an tu peux disparaitre. Si en 1 an tu fais pas parler de toi, si t’as pas un projet qui sort, tu disparais parce que y a un autre derrière toi qui est déterminé.

Tu es un des rares artistes « rnb » français à exister sur la scène musicale. Selon toi pourquoi le RnB Français a du mal à exister aujourd’hui ?

C’est compliqué ! A l’époque j’avais mon avis sur le sujet mais ma position a évolué. A l’époque, j’expliquais ça par le fait que les artistes ne sortaient pas ou peu de projet, ne faisaient pas de clips, de concerts… donc du moment où tu ne mets pas la lumière sur toi, personne ne peut te remarquer. Aujourd’hui, après presque 10 ans de carrière, si je fais encore parler de moi, je me demande si c’est par mon travail ou si c’est par ma carrière car je suis là depuis le début et forcément, ma « fan base » me suit depuis le début, donc lorsque je sors quelque chose, ça crée une lumière. Maintenant, je me met à la place d’un artiste qui sort de nulle part, avec un projet très qualitatif, et je me dis que c’est beaucoup plus compliqué pour lui de se mettre en lumière.

La musique d’aujourd’hui à changer, à l’époque les rappeurs faisaient appel à des artistes RnB pour chanter dans les refrains par exemple. De nos jours, il y a l’autotune, les rappeurs se mettent à chanter de plus en plus sur leurs titres, on a l’impression qu’il n’y a plus vraiment de frontière entre le RnB et le rap. Le rap se « rnbise » et les chanteurs se mettent un peu plus à « rapper ». Qu’en penses-tu ?

Oui, je suis tout à fait d’accord. C’est d’ailleurs ce que je dis assez souvent. Aujourd’hui, on fait tous de la musique urbaine, il n’y a plus vraiment de RnB ou de rap. Les rappeurs mettent de plus en plus de flow sur leurs morceaux, tout se confond. Par exemple, je remarque sur YouTube dans les commentaires que souvent les gens me définissent comme un rappeur. Ce n’est pas péjoratif pour moi, c’est juste que les critères des auditeurs ont changé. Avant l’autotune, le rappeur n’avait pas d’autre choix que d’appeler un chanteur. Aujourd’hui avec toutes les technologies actuelles, il peut modifier sa voix, faire les notes qu’il souhaite et ça devient plus simple pour lui. Il n’a plus besoin de caler des rendez-vous, il suffit simplement d’avoir un ingénieur du son et la mélodie est prête. Je vais pas dire que c’est un système en défaveur des chanteurs car le rappeur n’a pas de compte à rendre, il n’a pas à mettre en lumière des chanteurs.

La musique urbaine a beaucoup évolué ces derniers temps, comment vois-tu l’avenir de l’industrie musicale et de la musique ?

Pour l’industrie musicale, je pense que la place du streaming va encore grandir parce qu’aujourd’hui les jeunes ont tout à portée de main, des sélections, des découvertes, sans même attendre que les titres passent en radio. Quand tu aimes un artiste, tu peux en découvrir d’autres similaires grâce à ces plateformes. La radio devient aujourd’hui un relai. A l’époque, elle avait le rôle de nous faire découvrir des artistes. Maintenant, c’est le contraire, l’auditeur écoute lui-même et la radio relaye les hits qui fonctionnent en streaming. Pour la musique, je ne sais pas où ça peut aller. Mais en ce qui concerne le RnB, je pense qu’il va encore évoluer comme il l’a toujours fait. Dans 5 ans, le RnB sera totalement différent de ce qu’il est aujourd’hui et le RnB de nos jours est totalement différent de ce qu’il était il y a 5 ans et ainsi de suite.

Est-ce que tu te définis toujours aujourd’hui comme un artiste RnB ?

L’étiquette RnB existe toujours aujourd’hui car à partir du moment où c’est chanté, qu’il y a des accords, ça tend vers du RnB. Mais il faut redéfinir le RnB. Si on crée un dictionnaire de la musique et on estime que le RnB c’est le RnB de Donell Jones par exemple, je ne pourrai alors pas dire que je suis un chanteur RnB. Donc il faut redéfinir ce qu’est aujourd’hui le RnB mais pour ma part je me considère comme un artiste RnB (… des temps modernes).

Ta musique actuelle est différente que ce que tu pouvais faire sur ton premier projet Sans Dessus 2 Soul. On a plus ce côté crooner qu’on pouvait avoir dans Trop Fresh. Est-ce qu’on est susceptible de revoir le NOV dans un style Nu Soul ou est-ce terminé ?

Non ce n’est pas fini, c’est juste une question de période. Je pourrai revenir dans ce style mais pas dans la même musicalité, peut-être avec un beat différent, une écriture différente. Par exemple, dans EVO 1, j’ai un morceau un peu lover, un peu RnB « traditionnel », il s’agit du titre Peut-Etre. Pour moi, c’est un Trop Fresh ou un Toi, mais version 2015. Pour EVO, on a décidé de mettre en avant d’autre morceau mais il y en aura d’autres des titres comme ça. Ensuite, faut aussi faire des sons qui plaisent à tous mes fans tout en restant intègre avec moi-même. Si demain, on me demande de faire un son très Nu Soul dans la même veine de l’époque, parce que ça va plaire au fans de la première heure, je le ferai avec plaisir car je sais le faire, c’est quelque chose de simple pour moi mais est-ce que c’est en accord avec ce que je suis aujourd’hui ? Non. Donc tout est une question de juste milieu entre ce que je suis moi et ce que les fans veulent de moi. De toute manière, les gens ressentent ce genre de choses. Si aujourd’hui, pour faire plaisir aux fans de la première heure, je rentre en studio pour faire un titre dans le même style que Groove Therapy, je vais le faire mais ils vont sentir qu’il n’y a pas l’essence, qu’il n’y a pas la Soul.

Tu es un artiste intriguant ! Quand on regarde toutes tes interviews, quand on lit les commentaires sous tes clips, la question qui revient toujours c’est « Pourquoi cet artiste n’est pas plus connu et n’a pas le succès qu’il mérite ? ». Pourtant ça fait 10 ans que tu es là.

Moi, je continue à faire ce que j’aime, je suis dans mon coin, je fais ma musique et une fois que je sors mon projet, il appartient aux gens. Je ne décide de rien. Maintenant, j’ai le recul de me dire que je fais ce qu’il me plait, que des gens me suivent et que si ça prend, c’est tant mieux. Pour tout avouer, dans mon jardin secret, je kifferai que ça prenne davantage. Mais j’ai senti une évolution avec EVO 1. Avec Dollars Euros, Mac Tyer est venu me donner de la force, le titre Y a ceux qui disent a aussi pas mal tourné sur OKLM Radio. Je vois qu’il y a une petite effervescence et aujourd’hui mon public à un peu changé. Il y a beaucoup plus de mecs qui m’écoutent, et c’est logique d’un côté, car il y a une évolution des instrus, des textes, et des thèmes qui parlent plus aux mecs.

D’ailleurs, comment c’était fait la connexion avec Mac Tyer sur Dollars Euros ?

On s’était déjà croisé plusieurs fois avec Mac Tyer, à des concerts et en studio. Il m’a souvent dit qu’il appréciait ce que je faisais. Pour ma part, je suis un fan de la première heure, depuis Tandem (ndlr : le groupe de Mac Tyer et Mac Gregor) donc quand il me dit ça, pour moi c’est un kif total. On devait déjà faire une collaboration avant mais on a jamais eu le temps de planifier ça. Sur les fins de séances de EVO 1, j’avais déjà enregistré Dollars Euros et c’est un titre pour lequel j’ai toujours voulu un featuring rap. Etant donné que je ne suis pas quelqu’un qui appelle pour demander des featurings, j’ai eu l’occasion de revoir Mac Tyer dans le cadre d’une émission TV, donc on s’est relancé en ce disant qu’on devait faire quelque chose ensemble. Son planning était un peu plus calme pour lui à ce moment-là, je lui ai donc proposé de venir écouter Dollars Euros que j’avais enregistré deux semaines plus tôt. Il est venu le soir même au studio, très tardivement (rires), il a écouté le son et il a accroché directement. Il a donc écrit de son côté et a posé le soir même sur le titre. Ca s’est vraiment fait naturellement.

Quel serait ton featuring de rêve ?

Il est américain, ça a toujours été Pharrell, même s’il n’apparaît pas sur le morceau, juste il participe à la prod. Ca serait dingue de travailler et d’être dirigé par lui. J’ai toujours été admiratif de son travail, le mec sait tout faire.

On était récemment en pleine période électorale en France. Est-ce qu’en tant qu’artiste, ça t’intéresse de prendre position dans le débat politique ?

Moi, en tant qu’artiste, mon travail c’est de faire de la musique, de donner du plaisir au gens et de faire du divertissement. Du coup, je n’ai pas envie de rentrer dans ce genre de débat mais aujourd’hui, on est un peu dans un cas d’urgence, il y a Marine au second tour des élections présidentielles, donc c’est un peu un cas exceptionnel du coup le côté artiste passe au second plan et t’es obligé de mettre en garde les gens en les avertissant du risque de voir un jour le FN au pouvoir. C’est des évènements à ne pas négliger.

Si tu peux amener ta pierre à l’édifice, en quelque sorte, tu n’hésites pas ?

Oui voilà. Réveillez-vous, faîtes pas les idiots. Si Marine passe, c’est l’enfer gros.

Pour rester dans la lignée de conscience politique, mais tu as récemment participé à une compagne de sensibilisation nommée « Asiatiques de France ». Qu’est-ce qui t’as poussé à y prendre part ? C’est eux qui t’ont contacté ou tu as décidé d’y participer ?

Non c’est eux qui m’ont contacté immédiatement. Moi je n’avais pas connaissance du projet, et c’est Nathalie qui m’a contacté via Steve Tran, un acteur d’origine vietnamienne. Il m’a contacté pour me dire « écoute, on est en train de faire quelque chose avec Nathalie, faire une espèce de petit spot – pas spécialement politique – mis en place pour montrer qu’on existe ». Et il m’a demandé « est-ce que ça te dérangerait ou est-ce que ça te plairait de mettre ton nom ? », ce à quoi j’ai répondu qu’il n’y avait pas de souci, que pour moi c’était normal. Donc j’ai répondu présent très naturellement.

À part Evo 2, quelles sont tes autres actualités à venir ? Il y a probablement des scènes ?

Oui des scènes. Je n’ai pas encore de dates précises, mais il y a des scènes et des showcases qui arrivent.

Tu comptes venir aussi en Belgique ou pas ? (Ndlr : Nous sommes 2 dans l’équipe d’où la question) 

J’ai fait un truc récemment à Bruxelles il y a un peu plus d’un mois, mais oui probablement la Belgique.

Tu sais si tu es suivi un peu aux USA ? Parce qu’en ce moment je vois sur YouTube le nombre de gens qui font des réactions sur les sons français. Ça ne t’intéresserait pas d’aller aux USA, poser quelque chose en anglais ?

Franchement, plus tard pourquoi pas. Ce n’est pas un but ou un objectif de me dire que j’aimerais bien faire un son en anglais, viser les USA et avoir une carrière internationale. Pour l’instant, non. Mais peut-être plus tard, pourquoi pas ? Je ne suis pas fermé à l’idée. Mais je pense qu’il y a des personnes qui me suivent aux États-Unis parce que, parfois, j’ai des followers qui viennent de Los Angeles, de New-York, mais je ne pense pas avoir une petite notoriété là-bas.

Suis-tu les commentaires YouTube ? Es-tu le genre d’artiste qui va vérifier ses commentaires ?

De temps en temps. Avant, dès que je sortais un clip, j’étais à l’affût. Je regardais ce que les gens disaient, pensaient, mais là moins. Je sors le clip puis quelques jours après je vais aller vérifier.

Une question concernant les visuels, notamment ton dernier clip. Il est un peu original, du coup comment t’es venu l’idée ?

Je bosse quasiment toujours avec les mêmes réalisateurs. Pour EVO 1, on a bossé avec « Pictogrammes ». C’est 2 réalisateurs : Omar & Gary. Et quand il était question de tourner le dernier titre Yakuza, on cherchait des idées et on s’est dit que R.I.P et Quand vient la nuit, c’était un certain style de clip. C’était lisse, c’était mignon. Et on s’est dit qu’on ne pouvait pas encore faire ça, que c’était de dommage de faire encore la même chose. On avait un premier synopsis et puis on est allé vers cette idée. Et, à force de discuter les jours de tournages, on a eu d’autres idées pour arriver au projet final. On s’est dit qu’on partait sur une ancienne caméra, et pour le coup, c’était vraiment une ancienne caméra ! Il y a des mecs qui tournent avec des 5D et ils mettent des filtres. Là, ils ont acheté des caméras qui datent de 1998, c’est un truc de fou ! Ils ont mis la caméra sur le ronin et ils ont fait ça comme avec la petite caméra que t’as pour les anniversaire ! Ensuite, on s’est dit « faudrait qu’on parte sur autre chose, quelque chose de dingue, pas juste le concept de l’ancienne caméra » et on est parti sur plusieurs scènes différentes qu’on mélangerait, et pourquoi pas faire quelque chose de fou ? C’est pour ça qu’à la fin tu me vois avec des billets dans les mains (rires). On s’est dit qu’il fallait quelque chose de différent, et je pense que c’était différent et les gens ont apprécié.

D’ailleurs on peut savoir quel sera le prochain clip (Ndlr : Quand vient la nuit 2  n’était pas encore annoncé?

Aaaaaaaaah (rires)

Je pense que tu vas rester dans la même lignée et réaliser les clips d’un maximum de sons ?

Voilà exactement.

Ça risque d’être plus difficile, mais donne-nous ton morceau préféré dans tous ceux que tu as fait ?

Il y a 2 lectures à avoir : si je dois te dire mon morceau préféré en me basant sur le critère de la technique, du travail fourni, c’est Tous les jours tous les soirs. Pour moi c’est les évolutions, je l’ai travaillé comme un orchestre. Il n’y a pas de boucle : chaque accord a été joué du début à la fin. Les basses quand tu les écoutes, elles sont jouées du début à la fin, sans boucles. Après il y a l’évolution sur le pont, le parterre, la fin, la guitare, etc. Vraiment c’est mon morceau préféré sur le plan technique. Après, émotionnellement parlant, j’ai un morceau que j’avais kiffé dans Pure. C’est un morceau qui s’appelle J’ai pas rêvé, avec autotune à mort. Et c’est peut-être mon morceau préféré. J’aurais kiffé le clipper.

Pourquoi ne pas l’avoir clippé ? Tu n’as pas vraiment de décisions sur tes projets ?

Si, mais quand j’ai sorti Pure, il y avait des morceaux beaucoup plus hits qu’il fallait mettre en avant comme Millions. Puis quand j’ai sorti le projet, j’ai suivi un peu ce que les gens disaient, et j’ai vu qu’il y avait My Hoe qui revenait souvent, j’en ai fait un clip.

Et tu as toujours un son dans n’importe quel album d’un peu, appelons un chat un chat, tendancieux. Tu en as un dans EVO 2 ou tu attends le prochain projet ?

Bizarrement pour EVO 2 il n’y a pas de titres comme ça. Pour EVO 1 il y avait Pegi 18. D’ailleurs ce titre, comme tu le disais tout à l’heure, quand je l’écrivais, j’avais le morceau en tête mais pas d’instrumental. J’avais le titre en tête, et je me demandais comment j’allais pouvoir écrire sur ça ? Et forcément, je me suis dit qu’on allait écrire un truc tendancieux dessus. J’avais des textes, le flow mais pas d’instrumental. Après plusieurs essais, il manquait LE truc. Je me suis dit qu’il fallait que je sample quelque chose, un titre qui faisait penser à ça. J’ai pensé direct à Blackstreet.

En tout cas, les puristes l’ont compris. Mais je sais qu’EVO 1, c’est un projet qui t’as ramené un autre public du fait que ça ne soit pas que des sons calmes. Mais je ne sais pas comment tu le ressens toi sur les réseaux ? Tu es peut-être plus suivi ?

Oui, un peu plus. Comme je te l’ai dit, c’est un public différent, un peu plus jeune, un peu plus mec. Mais c’est logique parce que la musique que je propose aujourd’hui, elle est en phase avec ça. Si j’étais arrivé avec un album soul/rnb traditionnel, ça n’aurait pas été la même chose tu vois ?

Petite parenthèse, donc l’exclu, c’est que tu nous dis que dans EVO 2, c’est fini ? Y a plus de titres tendancieux (rires)?

Ouais (rires). Le truc c’est que quand je vais en studio, je ne calcule pas. J’ai toujours fait ça, il y a toujours eu ça. Et j’aurais très bien pu me dire « ouais, il faut le morceau tendancieux pour les gens », mais je ne l’ai pas fait (rires).

Enfin et tout simplement, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?

La réussite, tout simplement.

 

 

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