Turn your lights on… Maty Soul

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Au confluent de Bob Marley et Lauryn Hill, elle arbore une soul amplement influencée par le hip hop et le reggae. Mais aussi une soul aux paroles engagées qui contraste avec ce qu’on a l’habitude d’entendre dans le milieu R&B / Soul français. Elle, c’est Maty Soul. Au micro de SoulRnB.com, Maty Soul revient sur la sortie de son premier album, The Price Of Consciousness.

 

Tu as choisi comme première vidéo et donc comme première entrée au public, “Herbal Tea”. Pourquoi ce choix ? Ce premier morceau me permet de montrer toutes les facettes que l’on peut retrouver sur mon album : la soul, le hip hop et le reggae. Le morceau révèle aussi un de mes penchants pour le herbal tea [ndlr : tisane en français]. (rires)

Maty Soul nouvelle ambassadrice de la tisane ? (rires) Oui, j’aime bien les produits à base d’herbes… Mais à boire, qu’on s’entende bien ! (rires)

Bien entendu ! (rires) Le clip de “Herbal Tea” a été tourné par un des membres du collectif Kourtrajmé. Comment s’est déroulée la rencontre ? Tu le connaissais déjà ? On avait envoyé des mails à quelques réalisateurs pour tourner le clip et c’est seulement deux jours plus tard que l’équipe de Kourtrajmé nous a contactés en nous proposant de réaliser le clip. “Herbal Tea” tournait en boucle chez eux depuis deux jours ! C’est flatteur car ce n’est pas le genre de démarches qu’ils ont habituellement. Ils réalisent des films pour des gens qu’ils connaissent, et surtout font beaucoup moins de clips musicaux, mais ils ont bien accroché sur le son. Donc voila comment est née la collaboration !

Deuxième clip, un titre fort, “Enfant de Martin Luther King”, avec Walking Bass. Aujourd’hui encore, penses-tu que les causes pour lesquelles se battait Martin Luther King sont d’actualité ? Oui, énormément, notamment à la vue du gouvernement actuel… Aux Etats-Unis, les mentalités ont évolué avec la nomination à la présidence de Barack Obama, mais ce n’est pas pour autant qu’on est à l’abri des discriminations. Un seul homme ne peut pas tout résoudre, et encore aujourd’hui, il reste des problèmes de discriminations. Il y a des mentalités à changer dans toutes les couches de la société.

A ce propos, on retrouve une référence à la marche pour les droits civiques de 1963, dans tes éléments de communication… Oui, ce sont vraiment des choses qui me tiennent à cœur. Martin Luther King a influencé ma musique au même titre que Bob Marley. Il est important pour moi d’en parler et de le faire découvrir aux gens qui n’ont pas forcement la même approche historique. Le signe “égal” que j’arbore sur mon front [ndlr : cf. pochette de l’album] est une référence à des photos de la marche de 1963, où j’ai vu des blancs soutenir la cause noire. Des blancs qui avaient inscrit ce signe “égal”, justement pour montrer qu’ils se sentaient égaux. J’ai trouvé ce symbole assez fort, donc je l’ai repris…

Derrière l’hommage, y a-t-il un message pour la nouvelle génération ? Oui, et d’ailleurs le meilleur hommage qu’on puisse faire à Martin Luther King, c’est tout simplement de ne pas faire qu’un hommage. Donc il y aussi un coté informatif, de savoir ce qu’on allait transmettre à la nouvelle génération.

Au vu du thème du morceau, on peut se dire que tu aurais pu aussi l’écrire en anglais ? Pourquoi avoir choisi le français ? Oui, tout à fait. Je me suis dit que Martin Luther King est connu des américains mais qu’en France, à mon grand étonnement, il reste des gens qui ne le connaissent pas. D’ailleurs, j’ai même un ami qui m’a demandé : « Pourquoi tu chantes un truc sur Martin Luther King alors que tu n’es pas noire ? », là je me suis dit « Whoa…». J’ai bien fait de faire cette chanson car Martin Luther n’est pas complètement connu, contrairement à ce que l’on peut penser. Son message n’est pas communautariste, le combat qu’il a mené pour les noirs américains est, de fait, un combat qu’il a mené aussi pour l’humanité.

De façon plus générale comment choisis-tu la langue dans laquelle tu chantes, entre le français et l’anglais ? Naturellement, j’écris en anglais, même si je ne suis pas bilingue. Toute la musique que j’écoute est en anglais, donc toutes mes émotions et tout ce que je retranscris au niveau musical, me vient en anglais. Mais j’ai fait un effort pour écrire des textes en français car, comme j’ai justement un message à transmettre, il faut que cela soit aussi compréhensible pour les non-anglophones. Cela dit, je ne me suis pas forcée pour autant à écrire en français, j’avais juste cette idée en tête et ça m’est venu naturellement… au feeling !

Tu as repris un morceau de Bob Marley “War”, mais aussi écrit un morceau sur le gouvernement, “Mr Government”. De fait, te considères-tu comme une artiste engagée ? C’est vrai, et c’est ce qui revient souvent. Cela ne me dérange pas du tout car je suis quelqu’un de révolté, dans la mesure où je supporte mal les discriminations et les injustices. La musique me permet justement de sortir ces émotions. Peut-être que si je n’avais pas ça, je ferais autre chose… Mais je ne me sens pas politicienne, la politique suppose que l’on fasse des compromis, or j’arrive à faire ma musique sans compromis, donc j’essaie de lier les deux : la musique et la contestation. Après, il faut bien expliquer que derrière le fait d’être engagé, il y a aussi du concret qui se passe. Car on peut certes écrire de jolies phrases, mais il faut aussi agir.

En parlant de reprises, tu as aussi revisité en interlude, “Forgive Them Father” de Lauryn Hill… Tu évoquais Bob Marley tout à l’heure, avec Lauryn Hill, ce sont clairement les deux artistes que je peux écouter que je sois triste, calme ou énervée… Je trouverai toujours tout dans leur musique, ils correspondent à toutes mes facettes. Après, j’ai aussi d’autres influences comme Stevie Wonder, Jill Scott, D’Angelo, mais ce sont des gens qui, selon ma période, vont être plus ou moins mis en avant dans ma playlist, tandis que Bob Marley et Lauryn Hill sont deux artistes que j’écoute au moins une fois dans la semaine !

D’ailleurs si tu devais nous faire une playlist qui tourne souvent chez toi que proposerais-tu ? “Bob Marley – Revelation” “Lauryn Hill – To Zion” “Stevie Wonder – He’s Mista Know It All” “Judy Mowatt – Strength To Go Through” “Donny Hathaway – To Be Young, Gifted And Black” (Live) “MC Lyte – Cold Rock A Party” “Nina Simone – I Wish I Knew How It Would Be To Be Free” “D’Angelo – One Mo’ Gin” “Nas – Affirmative Action” “Miles Davis – So What”

Le troisième clip annoncé est “In My Village”, dans lequel tu compares ta musique à un village. Peux-tu nous décrire celui-ci ? C’est un peu le monde idéal selon moi. Celui où l’on vit de ce que la nature nous donne, des choses simples, un village non sectaire, un mélange de personnes, un endroit où l’on est en cohésion avec la nature. C’est une chanson écrite par Walking Bass, car c’est une notion et vision que nous partageons !

Justement en parlant de Walking Bass, ton album a été produit par l’équipe That Natural High composé de Walking Bass et… de toi-même ! Comment s’est déroulée la production, est-ce que vous en faisiez déjà avant ? Non, nous avons tout commencé sur ce projet ! Nous en avons discuté avant, et au lieu de partir chacun sur une idée, nous nous sommes réunis pour travailler plus efficacement.

Du coup, est ce que vous voudriez produire d’autres personnes ? Oui, on est dans cette démarche, mais pour l‘instant on se concentre sur la promo de mon album. (rires)

Walking Bass est aussi le dirigeant de No Waiting In Vain, il est ton manager, il apparait dans deux morceaux. Il y a un fort lien de complicité entre vous, je me demandais donc si “Eclat D’Ebène Et D’Ivoire” (lyrics disponible ici) retranscrit une certaine réalité ? (rires) (Rires) “Eclat D’Ebène Et D’Ivoire”, oui c’est une chanson sur le métissage, c’est un thème qui nous concerne tous les deux…

On n’en saura donc pas plus (rires) (Rires)

En tout cas, on sent une forte complicité entre vous, comment s’est passée votre rencontre ? C’était lors d’une soirée, on a parlé musique et depuis on ne s’est pas quitté. On a monté le projet ensemble. Il a commencé à communiquer sur les petites scènes que je faisais et à ramener du monde, il est donc naturellement devenu mon manager. Il m’a permis d’outrepasser les concessions qu’on peut faire dans la musique et m’a soutenue jusqu’au bout dans ma démarche artistique. Il m’a permis de faire l’album que je voulais ! Et je suis bien contente que mon album se soit fait en indépendant. A l’écoute des thèmes de l’album, les maisons de disques auraient pu penser que ça m’aurait coupée d’une partie du public ou autres blablas du même genre, mais ça n’est pas mon problème ! (rires)

Et si, plus tard, on te proposait un deal en maison de disques, mais avec un contrôle sur tes paroles ou ta musique… Ca dépend de ce que l’on me demanderait, c’est un jeu où il faut être le plus rusé. Si ce n’est pas le reflet de ma propre personnalité, alors ça sera non tout de suite. Mais si on me demande une concession du style « au lieu d’aller jusque la, tu t’arrêtes un peu avant », oui, pourquoi pas ? L’essentiel est que cela reste cohérent avec moi-même.

Au niveau des contributeurs de l’album, on retrouve beaucoup d’Hommes de l’ombre, mais reconnus pour ce qu’ils font : le batteur Gene Lake (Meshell Ndegeocello, Maxwell), la chanteuse Karen Bernod (Mary J Blige, Chaka Khan), le producteur Rashad Smith (Lauryn Hill, Notorious B.I.G., Erykah Badu)… Comment s’est déroulée la rencontre avec tous ces professionnels, cela a dû être riche ? La plupart des contacts se sont faits sur internet. Par exemple, Karen Bernod m’a contacté sur mon Myspace, elle m’a dit qu’elle aimait bien ce que je faisais. J’ai discuté avec elle et à l’ occasion d’un voyage aux Etats-unis, j’ai pu la rencontrer. Il y a eu un feeling humain entre nous, et c’est donc tout logiquement qu’on a fait appel à elle pour travailler sur l’album. Il n’y a que Karen et moi qui faisons les chœurs, elle a du métier, donc on était sûr de ce qu’elle allait nous donner, de par son expérience et son professionnalisme.

Enfin dernière question pourquoi avoir choisi The Price Of Consciousness comme titre pour l’album ? Et bien, après avoir longtemps hésité sur le titre, c’est vraiment celui qui s’est imposé, que ce soit dans ma vie personnelle ou artistique…. C’est un titre qui reflète bien l’énergie et l’intention des titres de l’album, tout d’abord. Puis le message, c’est aussi de signifier que la conscience ou la prise de conscience a un prix, des conséquences qu’il faut être prêt à assumer, si on a décidé d’être cohérent entre ce qu’on dit et ce qu’on fait, dans le respect des êtres qui nous entourent et du monde dans lequel on vit ; et de vivre cela de manière radicale, c’est à dire, sans aucune concession. Mais aussi et surtout, que cette manière de vivre est, de mon point de vue, la vraie clef pour notre épanouissement à tous, notre liberté physique et mentale et que c’est aussi quelque chose qu’il faut appréhender avec joie et bonne humeur ! Cela demande juste un peu de courage, mais le retour n’a justement pas de prix!

Merci Maty Soul de nous avoir accordé cette interview et comme d’habitude sur SoulRnB.com on te laisse le mot de la fin en vidéo !

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0 Comments

  1. Waraba dit :

    Très belle découverte 🙂

  2. STRiiTSoOL dit :

    [b]Pour les curieux, l’album est en écoute sur Deezer.

    C’que j’peux en dire, c’est que c’est du travail de qualité, et que y’a du niveau.
    Bon j’avoue volontiers que j’suis pas attiré par ce timbre de voix, ce qu’il fait que j’n’suis pas totalement tombé en admiration en écoutant l’album, néanmoins, le son produit + cette voix, fait que, j’pense que je kifferai beaucoup plus en Live !![/b]

  3. kasthy apple dit :

    Ah je vois que dans la playlist il y a du bon choix! jolie voix

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