Entretien avec Singuila pour la sortie de son album Entre 2

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Singuila merci de nous recevoir 

Tout le plaisir est pour moi

On est là pour la sortie de ton nouvel album, Entre 2, prévu pour le 21 avril. Tu peux nous en parler, en quelques mots ? 

Alors, parler de l’album Entre 2… Hmm, bon ça fait un moment que j’ai pas sorti d’album. C’est un album qui devait sortir il y a bien longtemps. Pourquoi entre 2 ? Parce que, bon on connait Singuila entre 2 femmes souvent mais (rires), c’est la réputation qui me précède mais là c’est entre 2 cultures. Entre l’Afrique et l’occident on va dire et ça se ressent musicalement, ça se ressent quand on rencontre la personne, quand on me rencontre en fait. On voit bien que j’ai une culture métissée, je parle plusieurs langues, je mange épicé, tout ce que je fais est épicé d’ailleurs (rires). Je raconte des histoires un peu comme les griots en Afrique (Ndlr : Les griots conseillaient la Cour, étaient des conteurs, des musiciens et des chanteurs de louanges ayant vu le jour dans l’empire Malinke). J’essaye de prendre soin et de faire attention à mon écriture comme le font les artistes français, du moins les anciens. C’est ça la touche française, la touche littéraire. J’essaye de mélanger tout ça et de présenter les choses par contre telles qu’elles sont vraiment, c’est ça la particularité de tous mes projets ; c’est d’avoir un franc parlé, que ça dérange ou pas, parce que il y a des gens qui s’y retrouvent et qui apprécient le fait que je parle cru alors que il y a des personnes qui ne supportent pas du tout et qui ont l’impression que c’est baclé parce que je ne fais pas de détour mais en fait c’est voulu. Tu vois, ça reste de l’art et l’art c’est quelque chose de totalement imparfait et donc cet album est totalement imparfait aussi. Mais c’est de ces imperfections là que se crée la magie, selon moi.

Donc comme tu l’as dit, ça fait quelque temps que t’as pas sorti d’album, ça fait 8 ans. Qu’est-ce que t’as fait entre temps ? T’as sorti des singles mais il n’y a pas eu d’albums 

Oui, j’ai sorti plusieurs singles et à plusieurs reprises j’ai pensé à sortir l’album mais bon c’était jamais le bon moment et j’ai entamé ma carrière de manière différente après le dernier album (Ndlr : Ca fait mal, sorti en 2009). J’ai été auto-produit en indé, j’ai fait cette expérience d’indé et de producteur. J’ai fait pas mal de concerts, j’ai été à la rencontre de mon public, mais partout. C’est vrai que pendant un moment quand tu évolues dans un pays et je ne parle pas que de la France, le 1er public que tu veux toucher, c’est le public de ce pays. Quand tu fais une chanson, même les 1ères personnes que tu veux toucher et satisfaire, ce sont les gens autour de toi que ce soit ton quartier ou la famille, s’ils valident alors ça peut aller plus loin. Donc après le 3ème album et jusqu’à un certain moment je pensais que ma musique ne se limitait qu’à la France. Mais en fait j’ai réalisé justement grâce à cette expérience que je pouvais aller bien plus loin que la France et que la musique n’a pas de frontières. Même si dans certains coins il peut y avoir la barrière de la langue, j’ai réussi à faire des show que ce soit aux USA, en Allemagne, en Italie fin dans des endroits où je m’attendais pas à chanter et ça s’est super bien passé donc voilà, cet album maintenant je l’ai conçu d’une manière différente. Je ne vise plus que la France, je vise les amateurs de musique tout simplement, tu vois ? Après mon message est le mien, ma musicalité est la mienne. Je pense que beaucoup, à travers mes petites histoires et mes mélodies m’ont compris. Grâce à mes voyages, j’ai appris beaucoup des artistes que j’ai pu rencontrer, des cultures que j’ai pu tout simplement rencontrer. Ca m’a enrichi, ça m’a rendu plus fort, plus grand je pense et ça m’a permis de faire un album avec une autre dimension. C’est ça qu’il me fallait avant de sortir un nouvel album, passer à une dimension supérieure.

Singuila en concert, en Allemagne

Je sais bien que t’as tourné aussi pas mal en Afrique, avec des concerts. Tu étais aussi dans The Voice Afrique Francophone. Comment ça s’est passé ? 

Par rapport à toutes les expériences que j’ai eu justement, j’ai fait vraiment de gros gros concerts, j’ai eu un très très bon accueil du public.

Surtout des femmes et celle qui s’est jeté sur toi en pleine scène 

Non mais y avait aussi des hommes hein mais c’est vrai que c’était chaud (rires). Et donc du coup, beaucoup d’artistes et d’amateurs de musique ont reconnu mon talent et par rapport à ça, quand ils ont fait la selection des coach dans The Voice, ils m’ont proposé de le faire parce que ils m’ont compté parmi les artistes capable de juger les prochaines générations. J’ai été honoré, flatté et je ne pouvais faire autrement que d’accepter cette invitation parce que je tenais absolument à mettre mon empreinte à cette 1ère expérience de The Voice Afrique Francophone. 

Ca ne t’a pas donné envie de produire justement ? 

Ca m’a clairement donner envie de produire des artistes. Bon, coacher c’est un truc que j’avais déjà fait vu que j’ai écris pour d’autres artistes auparavant. Je les ai coaché en studio, j’ai peaufiné pas mal de choses, c’est un travail que je savais faire. Mais voilà, là, ce sont des artistes pour la plupart sans structures alors qu’ils sont hyper talentueux. Je te promets que quand j’étais en face d’eux, je voyais des stars quoi, leur chemin était déjà tracé ils habitent dans un coin où ils ne sont pas entourés de professionnels. Donc pour eux, comme pour moi, c’est peut-être une opportunité donc on va voir comment on va évoluer avec ça.

J’ai vu que dans ton album c’est comme tu dis un mélange de cultures, on sent le côté afro dans ton écriture et les instru. Justement t’as remarqué un phénomène afro avec la montée de l’afro-trap avec MHD ou Niska et l’afro-pop. C’est un genre qui commence vraiment à avoir du succès ici. Comment tu l’expliques parce que toi tu le faisais déjà bien avant 

Je le faisais déjà avant et j’ai toujours voulu marquer mon côté afro parce que c’est une valeur ajoutée. Mais c’est vrai que beaucoup de gens ici, d’africains d’Europe ou USA sont déconnectés ou reproduisent sans essayer de ramener leur essence et leur côté personnel. Je pense que la nouvelle génération a plus ce désir ou ce besoin de s’affirmer surtout dans ce monde où on aime bien parler d’intégration. L’intégration c’est pas juste s’adapter, c’est justement apporter. Donc on apporte quelque chose en plus, notre culture pour faire avancer la machine et ça passe par la culture et la musique est un bon vecteur culturel et donc ça s’est fait naturellement avec la nouvelle génération qui a besoin de soit disant s’intégrer ben est venue au contraire ambassadeur de cette culture afro.

Et tu ne penses pas que c’était le cas en 2009, où t’avais fait des morceaux typiquement africains et même du zouk. 

Oui j’ai fait mais c’était encore une fois de temps en temps qu’un artiste le faisait. Là c’est devenu carrément une tendance et même quand tu vas écouter des artistes américains, tu vas entendre la tendance caribéenne qui s’est bien imposée. Quand tu écoutes Work de Rihanna ou les morceaux de Drake en passant par X et Y. Même Rihanna avant avait fait le morceau Man Down, c’était un reggae. Petit à petit on se rend compte qu’il y a à puiser dans notre culture et c’est une richesse.

Tournons la page en feat avec Perle Lama. Morceau zouk dont on parlait avec Singuila 

Maintenant on va parler un peu plus de l’album et des featuring. T’as pris Alonzo et Fianso, comment ça s’est passé ? D’ailleurs heureusement que Fianso n’a pas bloqué l’autoroute aujourd’hui sinon j’aurais pas pu faire l’interview 

(Rires) C’est des mecs que je connais et ce sont des artistes que j’aime. Ca s’est fait naturellement, ça faisait un moment qu’on devait bosser ensemble et chacun voulait m’appeler. Alonzo m’avait appelé pour un de ses projets et Fianso m’avait dit qu’on devrait bosser ensemble sur un de ses projets et comme le mien sortait avant, j’ai fait viens on bosse le truc et on s’est calé en studio. On a bien rigolé et on a fait notre sauce et voilà.

Fianso qui bloque l’autoroute, au coeur de toutes les chaines d’info 

 

T’as toujours eu ce côté hip-hop, d’ailleurs avant tu voulais en faire. 

Bah je rappais avant mais on va dire que y a des gens qui le font beaucoup mieux que moi.

C’est pour ça que t’es allé dans le Secteur A en 2003 ? (Ndlr : Label où il avait signé en 2003 où l’on retrouve Arsenik, Ministère A.M.E.R.) 

C’est une longue histoire (Rires). Secteur A c’est la famille, pour ceux qui ne le savent pas. Mais je rappais et quand je les ai rencontré, j’avais arrêter de rapper parce que les mélodies me font beaucoup vibrer et quand je chante j’arrive plus à transmettre une émotion. Entre le texte, le flow et la mélodie, la mélodie c’est un moyen supplémentaire de briller. C’est comme si toi t’arrives avec une épée et moi 2 haches.

Oui, c’est mort ! 

(Rires) Non ça dépend après si toi t’es vraiment bon avec une épée, y a moyen. Avec le Secteur A j’étais dans une période où je me posais des questions, est-ce que je continue ou j’arrête la musique parce que c’est vraiment dur de percer dans la musique, surtout dans le RnB, il n’y en avait quasiment pas. Les médias n’en jouaient pas forcément et on savait pas vraiment pas quel chemin se faire connaitre. Secteur A ont eu la bonne idée, pour faire évoluer le RnB, de faire une compile qui mêlait Rap et RnB. Sur chaque track, t’avais un duo Rap/RnB, ça s’appelait Indigo. Sur cette compile on retrouvait tous les artistes du label tels que Oxmo Puccino et j’en passe. J’ai eu la chance de poser sur cette compile et par rapport à mon morceau, j’étais la seule chanson qui n’était pas en duo avec un rappeur. Secteur A m’ont gardé et m’ont dit toi tu as quelque chose de particulier, tu écris les chansons à ta façon et ça faut que ça reste dans notre label. Et voilà, on a commencé l’aventure ensemble.

Le titre Comme Personne, issue de la compil’ Indigo : 

Le 1er titre de l’album, Retomber sur mes Pieds, tu parles du succès, des gens qui sont autour de toi…

Oui, dans le titre je montre qu’il faut être à la hauteur de ses ambitions, qu’il faut se battre. Je dis que les mêmes soldats qu’avant sont toujours là autour de moi, qu’ils sont toujours prêts à m’épauler et se battre pour moi. Chanter c’est ma vocation, tu vois. C’est pas juste qu’une passion

Ben oui, sinon ça ferait pas 15 ans que tu serais là

Oui voilà mais qu’on arrive pas justement avec un simple claquement de doigt, en s’amusant. Il faut bosser et y a des gens qui m’ont inspiré et je le dis et j’espère inspirer les gens de demain. Oui R. Kelly m’a beaucoup inspiré aussi

Est-ce que tu aurais un conseil à donner par rapport au Singuila d’il y a 15. Qu’est-ce que tu lui dirais de faire ou pas faire ? 

Je lui dirais que tu as bien fait d’essayer de te démarquer. Tu aurais peut-être dû prendre des cours de chant plus tôt mais tu as bien fait d’essayer de te démarquer et c’est justement en allant dans cette direction que tu as pu continuer et faire une carrière parce que quand tu fais que de la copie, la chanson à la mode et que tu essayes de te calquer sur ce qui se fait aujourd’hui, ben le temps que tu sortes le truc d’autres personnes auront eu la même idée que toi. Alors que lorsque tu ajoutes ta touche personnelle, avant de tomber sur un individu qui a les mêmes pulsations que toi et la même vision ce sera plus dur. Donc si tu as la chance de rencontrer le succès grâce à un truc auquel tu as mis ta touche personnelle, ben les gens vont chercher cette touche personnelle à travers tes prochains titres. C’est toi qu’ils vont vouloir écouter et pas ce truc que tu as copié. Donc si je dois dire quelque chose au Singuila d’il y a 15 ans, c’est merci de t’être démarqué, d’avoir été insolent dans certains textes, oser raconter des choses d’une certaine façon. J’ai beaucoup d’enfant tu sais ? Enormément d’enfants parce que y a pas mal de gens qui ont fait des bêtises sur mes chansons (rires) mais c’est affolant, chaque jours des gens viennent me voir pour me dire “Oui Singui, merci” ou des nanas qui me disent “C’est toi qui m’as dépucelé”. C’est très très très très très chaud, quand je rencontre des gens je vois des regards comme si il y avait une complicité entre nous.

En mode toi-même tu sais ce qu’on a fait alors que t’y étais même pas 

Oui (rires)

Par rapport à l’album, j’ai l’impression qu’il est plus réfléchi, plus sombre. On dirait que t’es allé dans d’autres champs. Parce que avant t’étais plus sur l’amour même si tu as fait des morceaux comme “Trop tard” ou d’autres. Sur cet album il y a des titres comme Retomber sur mes pieds, Solitude, Le Fan, Mon père à moi c’est ma mère. Qu’est-ce qui a fait que tu as changé dans tes thèmes ?

C’est je pense l’évolution, des choses que j’ai pu rencontré et vivre, des débats que j’ai pu avoir avec des gens qui m’ont donné envie d’exprimer un sentiment. Parce que dans la vie, l’amour c’est très important mais il y a d’autres sujets qui méritent le détour. Après il y a plein d’autres sujets que j’aurais pu mettre mais je trouvais que c’était trop large et qu’on allait se perdre parce que ça reste un album et qu’on voulait pas aller trop loin. Fallait que ça reste cohérent mais il y a des sujets comme dans Mon père c’est ma mère c’est quand même important de faire un hommage à toutes ces femmes qui se battent seules pour éduquer leurs enfants et en racontant cette histoire je dis aussi à ces enfants issus de familles monoparentales que si j’ai connu le succès, vous pouvez le connaitre aussi. Grandir sans père, il y a un côté négatif c’est vrai mais en réalité l’amour d’une mère c’est quelque chose d’enrichissant et ça nous permet d’avoir une rage supplémentaire qui va nous servir de tramplin alors que ceux qui auront grandi dans un cocon n’auront pas.

La chanson Le Fan va je pense toucher pas mal de monde qui est venue grâce à un concours

Oui, j’avais fait un concours sur l’album précédent (Ndlr : Ca fait mal, 2009) vu que je racontais des histoires et que c’est comme ça que je fais, comme avec Il avait les mots pour Sheryfa Luna, je discutais avec elle et c’est une histoire qu’elle m’a raconté. Moi j’ai traduit à ma façon et puis ça a donné Il avait les mots 

Et après tu lui as répondu 

(Rires) Je lui ai répondu parce que les mecs disaient que le mec se fait trop laminer dans la chanson, fallait nous donner une réponse et donc j’ai représenté les mecs. Donc à travers le jeu “Ecris moi une histoire”, j’ai reçu pas mal de courriers. Mais même après le jeu, j’ai encore reçu beaucoup de lettres et dans ces autres lettres il y en a une qui m’a touché et je me suis senti le devoir de raconter l’histoire de ce jeune homme qui est vraiment fan, qui vit des choses difficiles et pour qui la musique lui a permis de se sentir mieux et de franchir pas mal de problèmes. En fait il m’a fait comprendre clairement que la musique a une force thérapeutique, chose à laquelle je ne pensais pas forcément. C’est clair que quand j’écoute la musique, je me sens bien mais moi je suis en bonne santé même si c’est vrai que j’ai vécu certaines épreuves qui sans musique auraient été plus difficiles mais je m’en rendais pas compte alors que lui la musique c’est vraiment le centre de sa vie et c’est quand j’ai écrit cette chanson, parce que il y a une histoire derrière cette chanson. J’avais écrit cette chanson qui était dans mon ordinateur et une fois c’était au Cameroun à un concert et à mon hôtel je croise une fille qui m’avait attendu toute la journée, qui était toute mince, on sentait qu’elle était pas en bonne santé. Elle me dit est-ce que je peux te parler ? Je lui dis ok, on s’est posé et on a pris un café. On a discuté et elle m’a raconté exactement la chanson et ce qu’elle vivait c’était exactement Le Fan. J’ai été touché et ému, je suis monté dans ma chambre et je lui ai demandé d’attendre. Je lui ai ramené mon ordinateur et je lui ai fait écouté la chanson parce que elle me demandait si je pouvais parler des personnes qui comme elle, vivait ce truc là et elle voulait me remercier parce que elle était censé mourir il y a quelque temps mais les médecins ne comprennent pas comment ça se fait qu’elle soit encore là. Elle avait dit au médecin que c’était grâce à la musique et il y a un auteur qui a été la voir pour écrire justement son histoire par rapport à la musique et cette thérapie. Donc voilà l’histoire de Le Fan 

Vidéo du concours organisé par Singuila

Ma chanson préférée c’est Revers Brutal, franchement je t’attendais pas là dessus du tout et il y en a beaucoup qui vont être dans le même cas. 

On avait fait une écoute de l’album et c’était le morceau qui est le plus ressorti.

Est-ce que t’en avais marre de cette étiquette qu’on te collait ? Même si tu contribuais un peu à l’alimenter comme dans l’interlude de L’Outsider où tu dis que tu es le dragueur masqué, aka le bifidus actif 

(Rires) Bien sûr il y a plein de choses qu’on fait et on s’attend pas au retour, au Revers Brutal. C’est vrai que maintenant on me voit comme un mec qui drague non-stop, on m’attribue de fausses histoires et de fausses légendes.

Est-ce que l’histoire de “elle est go go danseuse mais elle a l’air sérieuse” c’est vrai ? (Ndlr : paroles extraites de Ma conscience) 

(Rires) Joker ! Joker !

Mais beaucoup de go-go danseuses sont venues me voir après cette chanson pour me dire merci parce que c’est vrai que beaucoup de gens pensent qu’une femme qui danse dénudée est une mauvaise femme alors que c’est un métier. Comme dans chaque corps de métier, il y a des meufs qui s’éclatent et qui ne sont pas sérieuses mais il y a des go-go danseuses qui ne vont pas être sérieuses comme il y a des infirmières qui ne le seront pas, des médecins et y en a qui sont sérieuses comme dans n’importe quel corps de métier. Angelina Jolie ou Scarlett Johansson quand elles embrassent un mec dans un film, c’est son métier. Ensuite ça veut pas dire qu’elle se tape tous les mecs qu’elle croise. Elle a sa vie, elle est mariée. Mais ce côté cru, non ce côté honnête, réel que j’ai, les gens doivent s’habituer à comprendre que je suis pas dans une surenchère, que j’essaye pas de raconter des histoires fantastiques. Je parle des gens tels qu’ils sont et peut-être que c’est eux qui ont simplement des préjugés.

Singuila – Ma Conscience

Est-ce que c’est vrai quand tu dis “Moi qui parle d’amour, au fond je ne comprends rien aux femmes” ? (Ndlr : paroles issues de Revers Brutal) 

Je pense oui. J’ai connu quelques femmes, c’est vrai mais je les connais pas. Je parle d’amour mais l’angle dans lequel je raconte ces histoires, c’est le mien. Peut-être que la personne qui a vécu l’histoire avec ne l’a pas ressenti de la même façon.

Pour elles, t’es Le Roi des Connards en fait (Ndlr : titre issu de son 1er album, On ne vit qu’une fois) 

(Rires) Oui, pour elles je le suis ou alors même un mec infréquentable alors que moi j’avais l’impression de bien faire les choses. Ca t’est déjà arrivé d’avoir rendez-vous avec ta meuf, t’as prévu un truc pour lui faire plaisir mais tu vois à sa réaction que c’est pas de ça qu’elle avait envie. Elle aurait préféré que tu restes à la maison et que tu lui dises je sais pas quoi parce que on comprend pas forcément les femmes. Et toi tu sais que t’as voulu faire les choses bien, que t’as voulu l’inviter à tel endroit, faire un cadeau. Et puis tu vois qu’elle est pas contente et tu te dis que c’est elle qui est en tord. Mais de son point de vu, c’est toi. On connait pas bien les femmes, je te promets. Il y a ce livre, l’homme vient de vénus et les femmes de mars mais c’est la vérité, on est pas de la même planète. Et qui a raison, qui a tord ?

Singuila – Le roi des connards

Tu n’est pas un peu nostalgique du Singui d’il y a 15 ans ? Parce que dans 2 des chansons tu fredonnes 2 de tes anciennes chansons comme J’avance en chantant et aussi dans ton titre Ma liberté, ça m’a un peu fait penser à la version 2017 de Elle me saoule (Ndlr : titre issu de son 1er album, On ne vit qu’une fois) 

Non, je suis pas du tout nostalgique mais vu que je suis conteur, j’ai laissé pas mal d’histoires en friche (rires). Là, il fallait une suite pour certains morceaux et tous les artistes ne peuvent pas le faire parce qu’ils ne racontent pas tous des histoires. C’est comme les films où il y a une suite bien après, c’est quel film qu’il y a eu ça ? Mais bon voilà, il y a des films comme ça où tu attends la suite, tout le monde s’est imaginé un truc et là enfin je vais pouvoir apporter des réponses.

Singuila – Elle me saoule 

Mais t’y as pensé en l’écrivant que ça ressemblait à Elle me saoule ? 

Non, au niveau de l’écriture déjà Elle me saoule, je m’étais inspiré de Tu te laisses aller, de Aznavour. C’est pas du tout le même style d’écriture mais comme tu vois, une oeuvre peut inspirer un autre artiste d’un autre genre. Et là du coup, je me suis dit que ce serait bien que je fasse une chanson dans le même style, exprimé de manière à ce qu’on pense à ces artistes là comme Benabar aussi qui aime bien raconter ses petites histoires. C’est peut-être pour ça qu’on sent la ressemblance avec Elle me saoule mais c’est pas de ça que je me suis inspiré pour… Ma liberté. (Il avait du mal a revenir sur le titre de la chanson)

Aznavour – Tu t’laisses aller

T’as déjà du mal à te rappeler du titre de ton nouvel album ? 

(Rires) Oui, c’est parce que je suis déjà sur d’autres choses.

T’es déjà sur ton prochain album ? 

Non, j’y suis pas encore mais j’ai quelques idées et aussi des morceaux que j’ai pas gardé pour ce projet là et qui pourront s’adapter au prochain album parce que je pense qu’il va arriver relativement vite.

Tu vas pas nous faire une D’Angelo, nous faire attendre 10 ans +- entre chaque album 

Non, déjà 8 ans c’était trop (Rires)

T’as des idées de featuring ou pas ? 

J’ai pas encore pensé à ça. J’ai beaucoup d’artistes que j’aime bien mais on verra à ce moment-là parce que tu sais pour les feat, il faut que les mecs soient dispo, faut que nos plannings correspondent alors que avec cet album là je vais encore devoir beaucoup tourner donc je serais beaucoup à l’étranger et même dans différents coins de France qui vont pas me permettre de collaborer. Mais vu que je veux vite sortir un album, même sur la route je vais composer.

Mais s’il te faut un featuring, je suis dispo hein 

(Rires) Tu fais de la musique ?

Un coup d’autotune et c’est bon 

(Rires) C’est vrai que la musique d’aujourd’hui, c’est autotune à fond. J’ai du mal à poser en studio sur de l’autotune mais j’ai pas de mal avec l’autotune, j’aime bien même

En soit, t’en as pas vraiment besoin 

Non j’en ai pas besoin mais dans la façon de mixer et tralala, les voix sans autotune, elles font anciennes. Donc dans certains morceaux tu dois mettre de l’autotune même si on entend pas les modulations que font les autotunes, on ressent un grain qui fait actuel. Excuse moi, c’est un peu technique (rires)

C’est laquelle ta chanson préférée de l’album ? 

Je pense que c’est Revers Brutal ou Retomber sur mes pieds. C’est Retomber sur mes pieds en fait

T’écoutes quoi en ce moment ? 

J’aime bien un artiste qui s’appelle Mr Eazi un artiste anglophone qui fait de la musique Niger. J’écoute en fait beaucoup de choses et quand t’es dans une période où tu sors un album, tu as tendance à tout écouter pour savoir où tu te situes. S’il y a pas un un projet qui ressemble au tien. J’écoute beaucoup de choses mais il y a pas la chanson qui me traumatise en ce moment. Y a des trucs qui sont très bien faits mais j’ai pas l’électrochoc.

Mr Eazi – Hollup

Bad and Boujee, non ? D’ailleurs, tu vas te lancer dans la trap ?

Si, si, d’ailleurs je vais préparer un morceau un peu trap sur le prochain. Mais toujours en mode RnB comme un peu I Love Paris qui est dans ces sonorités là.

Justement dans I love Paris ou Ca devient Chaud, on retrouve le Singui d’avant 

C’est important quand même que les gens s’y retrouvent. Qu’on voit que j’ai pas changé de cap. Ca reste la même personne c’est juste une évolution.

Donc toujours Singui pour les intimes, chéri pour certaines ? (Ndlr : paroles issues de L’Outsider) 

Oui (rires)

T’en penses quoi du RnB actuel ? Français ou américain

Bah le RnB revient quand même aux Etats-Unis. Mais le truc c’est que on se perd un peu avec l’artiste RnB et pop. Vu que dans tous les machins maintenant il y a les genres qui se mélangent. T’as les artistes de rap qui chantent de plus en plus, t’as des artistes où on sait pas si c’est des chanteurs ou des rappeurs. Même au niveau de la façon dont on travaille l’image, une artiste comme Rihanna qui fait de la pop, elle tient absolument à avoir une image très Hip-Hop. Fin un mélange de Hip-Hop et Rock, genre une Rockstar. Elle veut absolument montrer ce côté rue, pour crédibiliser ses mélodies mais y a des moments où elle pose sur des instru qui sont bien traps. Un moment elle va faire un morceau qui va sonner totalement électro. Tu fais ce que tu veux en fait, c’est la musique. C’est au service marketing de faire en sorte que le public ne se perde pas. De bien cadrer l’image en fait parce que la comm’ aujourd’hui fait beaucoup plus que la musique. Tu peux arriver avec une chanson pétée, mais bien pétée mais… Non mais vraiment pétée pétée hein (rires). Mais si le truc est bien amené, on va commencer à voir dans ce côté pété de génial alors que c’était un accident (rires).

Une question qui m’est venue sur le chemin, je pensais au passage de Maitre Gims dans On n’est pas couché. Justement on lui a posé une question politique et il a pas trop voulu se mouiller parce que il a une fan base et qu’il voulait pas trop rentrer dans le politique. Tu penses aussi que politique et musique ne doivent pas se mélanger ou alors tu veux t’investir ? 

Il y a des artistes qui veulent aller dans cette direction politique, moi je pense que ce sont 2 choses différentes. Certains artistes sont politiques, d’emblée, il sont politiques et ils font de la musique plus dans un but politique que pour enjailler les gens. Ce sont des artistes qui sont très utiles aussi parce que par via la musique tu peux toucher parfois beaucoup plus de monde, ou il y a des messages qui passent plus facilement. En plus une chanson ça dure pas le temps d’un discours. Tu choisis bien tes phrases et en 4 minutes l’information elle passe. En plus c’est une information qui se répète parce que t’as en de rechanter la chanson et les gens connaissent le message par coeur. C’est quelque chose de très bien, surtout quand t’as un bon message politique et quand ils sont dans quelque chose de positif. Parfois c’est libérateur dans certains pays. Moi je n’ai pas cette connaissance de la politique assez développé. Moi je fais de la musique dans un autres sens, une autre direction. Même si il y a certains de ces artistes dont je suis fan. T’as des Bob Marley qui ne mâchaient pas leurs mots. T’as des Tiken Jah, Alpha Blondy, Kery James. Je suis fan de ces gars.

Maitre Gims dans On n’est pas couché

Le Secteur A (Ndlr : label dans lequel il a sorti son 1er projet où on retrouvait des artistes comme Passi, Stomy Bugzy, Arsenik, …)

Oui, eux aussi. Passi tu l’as vu dans Salut les terriens, quand il parlait du franc CFA. Donc voilà je suis fan de ces gens là et quand il faut apporter mon soutien, je le fais mais moi-même je ne saurais pas écrire ce genre de chansons. Je préfère faire du social et mon point de vue sur la politique est personnel. J’ai plus à dire sur le social et quand t’en fais, on va moins te tirer dessus parce que tu n’attaques pas les gens parce que je suis pas assez armé psychologiquement pour la politique parce que y a des gens qui vont me démonter en un claquement de doigt. Même des journalistes politiques qui vont tourner une de mes phrases et me détruire parce que pour eux, c’est ça leur métier. Moi je suis chanteur et j’ai pas travaillé ce muscle de ma répartie (rires).

Passi dans Salut les Terriens

Tu l’as travaillé avec les “Go” (Ndlr : les femmes) mais pas pour la politique

(Rires) Avec l’égo et avec les go (rires).

Dernière question, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour l’année 2017 ? 

Remporter l’élection (rires). Ben déjà le succès de ce projet que ce soit au niveau des ventes d’albums mais aussi des tournées parce que important d’aller à la rencontre de son public. Remplir les salles comme ça, ça prouve que les gens aiment ce que tu fais. Donner beaucoup de sensations aux gens, j’espère inspirer d’autres personnes. Vraiment ce qu’on peut me souhaiter, c’est de faire un maximum de bien aux gens et de prendre un maximum de plaisir par la même occasion.

C’est tout ce qu’on te souhaite ! 

Merci beaucoup !

Merci à toi. 

L’équipe de SoulRnB tient à remercier Singuila pour le temps qu’il nous a accordé ainsi que Charles Clement de l’agence Rise Up pour avoir organisé la rencontre.

1 Comment

  1. Julien Iori dit :

    Article très bien fait, qui remémore les anciens titre etc … Singui toujours égale à lui même ! Un vrai artiste et j’ai trop hâte d’écouter son Album ! Vivement vendredi !!! Merci encore pour l’article .

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