Ladi6… Lady Soul et Soul MC

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Originaire de Nouvelle Zélande, Karoline Tamati aka Ladi6, n’a rien d’une artiste ordinaire. De ses collaborations avec Fat Freddy’s Drop à ses prestations scéniques, seule, ou aux côtés de Gil Scott Heron, Mos Def et Mayer Hawthorne, Ladi6 se forge une solide réputation sur la scène hip-hop/soul neo-zélandaise. Après un premier album, TIME IS NOT MUCH, salué par la critique, Ladi6 est de retour avec THE LIBERATION OF… (disponible en France le 22 Juin prochain), son second disque, à mi-chemin entre la Soul, la Pop, le Reggae, le R&B, et le Hip-Hop pour lequel elle se passionne dès l’adolescence.

De passage à Paris pour un concert à la Bellevilloise en avril dernier, SoulRnB.com est parti à la rencontre de cette “diva” soul des temps modernes. Lady Soul ou Soul MC comme elle aime se surnommer elle même, c’est à vous de voir…

Hey Ladi6 ! Peux tu te présenter à nos lecteurs ?Hey, what’s up ?! Et bien, je suis Ladi6, auteur/interprète originaire de Nouvelle Zélande.

Peux tu nous retracer ton parcours, de tes débuts jusqu’à maintenant ? J’ai grandi avec le Hip-Hop, c’est la musique que j’ai le plus écouté quand j’étais jeune. J’ai vraiment assisté au regain de la scène Hip-Hop à la fin des années 90, vers 1997-1998. J’étais une adolescente et à cette époque, quand je me baladais dans les rues, les jeunes faisaient du break, et j’en ai moi-même fait (rires). Ensuite, j’ai intégré un groupe féminin neo-zélandais, Sheelahrock. Notre musique était plutôt Nu Soul/Hip-Hop, on faisait aussi des reprises. Puis j’ai eu envie de me lancer en solo et créer ma propre musique, donc j’ai quitté le groupe et me suis jetée à l’eau ! Voilà comment est née Ladi6 (rires).

Quelle est l’origine de ton pseudo ? “Lady” est mon petit surnom depuis l’enfance. C’est mon père qui m’a appelé ainsi en premier. En fait, ma naissance n’a pas été simple, elle a duré un certain temps (rires). A la maternité, pendant l’accouchement, mon père était assis dans le couloir, juste à côté de la chambre de ma mère, il essayait de lire le journal et l’accouchement était si long qu’il s’impatientait et disait “Lady, je t’attends…”. Quand je suis enfin née, il a dit “Voici la demoiselle que j’attends depuis si longtemps” (rires). Par la suite, mes amis ont continué à m’appeler Lady. Puis quand j’ai démarré et que je cherchais un nom de scène, l’un d’entre eux m’a demandé “Hey tu penses quoi de Ladi6 ?”, ça m’a plu donc j’ai conservé ce pseudo.

Ton nouvel album THE LIBERATION OF… est sorti il y a quelques mois en Nouvelle Zélande, qu’entends-tu par “Liberation” ? Libération de qui, de quoi ? Tout d’abord, il y a un petit clin d’oeil à l’album THE MISEDUCATION OF LAURYN HILL. Pour le reste, le titre se rapporte à mon parcours, à mon évolution en tant qu’artiste. Cet album est mon deuxième et il s’est passé beaucoup de choses depuis la parution de mon premier opus. J’ai appris, j’ai grandi et je me sentais comme libérée en l’enregistrant. Entre mon premier et mon second album, j’ai beaucoup voyagé, j’ai fait des concerts un peu partout dans le monde, en Europe notamment. Pour la première fois, je suis partie pendant six mois. C’était une expérience très édifiante et très épanouissante, à cette époque j’ai vraiment senti que je commençais à devenir l’artiste que je rêve d’être depuis mes débuts. Avant cela, je sortais de l’adolescence et j’avais encore toutes ces angoisses et ces frustrations propres à cette période de la vie, je n’étais pas si confiante et sure de moi. Ces six mois de tournée m’ont permis de murir et de m’épanouir en tant qu’artiste. Je sens qu’aujourd’hui, je peux véritablement me lâcher et faire ce que je veux faire. Du coup, pour ce deuxième album, le titre s’est annoncé de lui-même, il définit parfaitement mon évolution après ces six mois : une artiste bien dans sa peau, libre et plus assumée.

Peux tu nous présenter cet album ? Sur cet album, on a vraiment essayé d’intégrer toute l’énergie que nous avons lorsque nous nous produisons sur scène. On a vraiment essayé de copier et de retranscrire cette énergie. L’album est par conséquent plutôt entraînant, chaleureux. Il est fun et peut te donner envie de danser. Il englobe de nombreuses influences musicales : le R&B, le Hip-Hop, la Soul et peut être aussi du Funk et de l’électro par petites touches (rires). Dans l’équipe, on a chacun notre univers et notre musique de prédilection, en enregistrant l’album on a simplement fusionné toutes ces influences pour ne faire qu’un seul et unique son.

As-tu un morceau favori ? Je sais que c’est une question difficile (rires)…Oui, c’est une question difficile (rires). Difficile parce que j’ai écrit la quasi-totalité des titres composant l’opus, donc je les aime tous comme s’ils étaient mes propres “enfants”. Mmmh, je répondrais tout de même “Jazmine D.L.” car c’est un titre que j’aime beaucoup jouer en live, il m’est très cher.

Et quel titre recommanderais-tu à quelqu’un qui ne connait pas l’album ? Ooooh, ça aussi c’est une question difficile (rires). Je pense que mon album est trop éclectique pour le résumer avec un seul titre, donc, je vais plutôt en citer trois : “Good Day”, “Like Water” et “Bang Bang”, je pense que ces trois titres se complètent et donnent une idée globale de mon univers et de la couleur de mon album.

Puisque tu parles de “Bang Bang”, peux tu me dire pourquoi tu l’as choisi en premier single ? En réalité, il n’y a pas de raison particulière. C’est toujours le premier morceau que je chante en concert, et ça me paraissait naturel de le sortir en single, ça c’est fait très simplement. Maintenant, pour être tout à fait honnête, quand on a décidé de sortir le single, l’album était encore en cours de finition et “Bang Bang” était le seul morceau totalement terminé (rires), donc si nous voulions sortir un single à temps, nous n’avions pas trop le choix (rires) !

J’ai beaucoup aimé la chanson “98 til now”, qui est une sorte d’autobiographie puisque tu y parles de toi et de ton passif dans la musique. 1998, une année symbolique pour toi ?Oui, complètement ! Cette année correspond au commencement de ma carrière. C’est cette année-là que tout a vraiment démarré pour moi. J’ai fait mon premier show avec Sheelahrock en mai 98, c’était la toute première fois que nous donnions un concert ensemble et ça a vraiment été le déclic, le point de départ de toute ma vie d’artiste. Ce soir là, j’ai tout de suite su que ce n’était que le début et que j’étais faite pour ça. Que je continue en groupe ou non, peu importe, j’ai su à ce moment précis que ce que je voulais vraiment faire dans la vie c’était ça, partir en tournée, me produire sur scène, j’ai compris que ma vie était sur le point de vraiment basculer. Donc oui, comme tu le dis, le titre est très symbolique.

Tout à l’heure tu as dit que ta musique était un métissage de nombreux styles musicaux, du R&B au Hip-Hop. Tu peux chanter, tu peux rapper. Comment considères-tu la musique en règle générale ? D’où te viennent ces influences ?Le Hip-Hop a toujours fait partie de moi, il est vraiment à l’origine de tout. C’est la première chose pour laquelle je me suis passionnée. Je veux dire, je ne faisais pas qu’en écouter, j’étais à fond (rires). Je me cultivais vraiment sur cette musique et cette culture, j’apprenais tout ce que je pouvais apprendre, un peu comme une religion, comme un chrétien qui se rend à l’église pour exprimer sa foi, j’étais pareille avec le Hip-Hop. J’en parlais à tout le monde autour de moi (rires) ! Aujourd’hui, les choses ont évolué, j’ai découvert d’autres courants musicaux et même si je suis moins obnubilée par ça, le Hip-Hop restera toujours ma base. Tout ce que je fais prend source dans le Hip-Hop. Ma musique part de là pour devenir quelque chose d’autre. Sinon, mes influences, mon inspiration, me viennent de mes expériences au quotidien, aujourd’hui j’ai la chance de beaucoup voyager, c’est une source de richesses et de découvertes supplémentaire, j’essaie toujours de voir un maximum de choses possibles, j’aime aussi l’art. Toutes ces choses sont la base de ce que je crée, la base de ma personnalité artistique, de mon univers.

Quelles sont tes références musicales aujourd’hui ? En ce moment j’écoute beaucoup de Rockabilly (rires). J’écoute Kitty, Daisy & Lewis par exemple, un groupe de Rockabilly composé de deux soeurs et leur frère, ils viennent de Londres. Sinon, j’écoute Muddy Waters, et beaucoup de blues en général, je me sens vraiment influencée par ces artistes. Mais tu sais, je peux écouter de tout et passer d’un style à un autre, j’ai des goûts vraiment très éclectiques.

Peux-tu nous en dire plus sur la culture musicale de la Nouvelle Zélande ? Est-ce que la scène hip-hop et la scène soul existent ? Est-ce que ces musiques sont reconnues là-bas ? La particularité du pays est son énorme brassage culturel et géographique. En Nouvelle Zélande, on a une population très importante dans les îles du Pacifique, nous avons des origines très variées, ce qui a un énorme impact sur le genre de musique que nous aimons. Personnellement, je suis vraiment fan de Black music, et de musique chrétienne, en règle générale, la musique fait partie de nos vies, ici, les gens écoutent beaucoup de reggae par exemple. Mais sinon, presque tout le monde peut chanter, dans une certaine mesure, on écoute pas mal de Soul et de RNB mais surtout, on a un riche background rock et rock indé. Et en raison de notre petite étendue géographique, il y a des communautés très fortes au sein même du pays, avec leur propre (sous) culture et leurs propres influences.

Qu’y a-t-il dans ton iPod en ce moment ? Comme je voyage et je prends beaucoup l’avion en ce moment, ma playlist actuelle est vraiment cool, j’écoute beaucoup de musique douce, des slows, pour me détendre, me reposer, ou carrément dormir (rires) ! J’écoute beaucoup Eric Roberson par exemple… …

Eric Roberson est venu en concert à Paris l’an dernier ! Tu y es allée ?

Oui, et c’était un superbe concert ! Oh oui, je veux bien te croire. C’est mon petit plaisir coupable du moment (rires) ! J’aime tellement sa musique, mon titre préféré est “Only 4 U”…

… Oh oui ! Il a joué ce titre quand il est venu, c’était un moment exceptionnel, son guitariste Curt Chambers a joué un solo de plus de 5 minutes, à la guitare. Génial (rires) ! (Rires) Wow, je m’en doute, ce titre est superbe ! J’adore cette chanson et tu sais, je m’imagine Eric en train de la chanter… Spécialement pour moi (rires) ! Dans le même style, j’écoute aussi Fat Freddy’s Drop (ndlr, groupe originaire de Nouvelle Zélande avec qui Ladi6 a collaboré dans le passé) et Electric Wire Hustle. Il y a aussi la chanteuse Ayah que j’aime beaucoup. Pour finir, j’écoute un peu de musique brésilienne. De façon générale, je trouve que la Nu Soul, l’Electro/Soul est vraiment la musique parfaite pour se détendre, se relaxer.

Ok Ladi, te voici donc à Paris aujourd’hui, tu donneras un concert ce soir à La Bellevilloise. Est-ce ta première venue chez nous ? Oh non, pas du tout ! Ca doit être la douzième fois que je viens en France…

Douzième ? Tu me l’apprends (rires)…(Rires) Oui, la première fois que je suis venue c’était pour une sorte de concert multi-culturel à Bastille, je représentais la Nouvelle Zélande. Je suis revenue plus tard et j’ai alors fait la première partie de Hocus Pocus, à l’Elysée Montmartre. J’ai aussi joué à Lyon. J’aime beaucoup la France, j’adore Paris, chaque fois que je suis venue, j’ai passé de super moments ici.

Est-ce que tu connais quelques mots en français ? Oui, écoute ça : “Bonjour, je m’appelle Ladi… Hum, et toi ?” “Merci beaucoup” (rires) !

Et en plus d’Hocus Pocus, connais tu d’autres artistes français ? Oui, j’ai joué avec Fefe en Nouvelle Calédonie, il est excellent ! Je sais qu’il a fait partie d’un groupe de rap et je me retrouve beaucoup dans son parcours, l’expérience en collectif puis la carrière solo, le fait qu’il chante et qu’il rappe. Nous avons un style un peu similaire.

Quels sont tes projets ? Un troisième album ? Oh oui, bien sur ! J’aimerais faire des albums le plus longtemps possible. J’ai même envie de te dire qu’il y aura toujours un nouvel album, sois en sure (rires) !

(Rires) On va surveiller tout ça, dans ce cas ! Merci Ladi6 ! Merci à vous !

Crédits photos : Dean McKenzie

DISCOGRAPHIE

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0 Comments

  1. STRiiTSoOL dit :

    [b]Et le “6” de “Lady6”, c’est quoi alors ? Un hommage détourné à Ledisi ?
    Sinon bah, elle a l’air sympathique.
    Sur les deux singles présentés ici en tout cas, on sent bien la touche éclectique dont elle parle dans l’interview.[/b]

  2. Ania dit :

    Et dans l’album ! 🙂

    Mais oui, vraiment sympathique, on n’a pas encore rajouté la petite dédicace mais elle était vraiment sympa, marrante et décontract’ !

  3. Dizzle dit :

    Effectivement, je découvre la Miss, on sent différentes influences dans sa musique, très agréable ! Et c’est vrai qu’à la lire, elle a l’air vraiment cool ! 🙂

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